Après plusieurs mois d’arrêt, en raison des conditions sanitaires, le GREF (Groupement des Éducateurs Sans Frontières) est de retour au CAES (Centre d’Accueil et d’Examen des Situations) du Millénaire. Depuis quatre ans, il met en place des cours de Français destinés aux migrants qui y sont hébergés et trouvent là un havre de paix où ils sont nourris, soignés et écoutés avec bienveillance, tout en préparant leur dossier de demande d’asile. Tous sont conscients que la maîtrise du français est un préalable indispensable à leur insertion, mais leurs origines, leurs trajectoires et leurs parcours sont très divers et proposer une formation adaptée à chacun n’est pas simple. Venus d’Afghanistan, d’Erythrée, de Gambie, de Palestine, de Côte d’Ivoire ou du Gabon, certains ont connu les bancs de l’école dans leur pays, d’autres pas, certains maîtrisent l’alphabet latin, d’autres pas, certains ont quelques rudiments de français, d’autres aucuns.
Nous avons donc commencé par un test de positionnement afin de constituer des groupes présentant une certaine homogénéité. Dans un premier temps, il s’agissait de repérer leur capacité à s’exprimer en français, la ou les langues parlées, leur temps de scolarisation dans le pays d’origine, leur connaissance de l’alphabet latin. Pour obéir aux normes d’occupation des salles dictées par les conditions sanitaires, ils ont été répartis en six groupes de 4 apprenants chacun, auprès desquels se relaient huit membres du GREF, du lundi au jeudi. Chaque apprenant peut ainsi profiter de trois heures de cours par semaine, réparties en deux fois. Les chaises et les tables sont désinfectées avant et après les cours, et le masque est bien sûr obligatoire.
L’essentiel de l’apprentissage s’appuie sur la langue orale, pour satisfaire les besoins les plus immédiats dans la vie courante. Cela n’empêche pas d’aborder ponctuellement l’écrit qui jouit auprès d’eux d’un grand prestige : deux groupes s’inscrivent ainsi dans une démarche d’alphabétisation. En plus d’un lieu d’apprentissage, ces cours sont aussi une parenthèse de légèreté dans des parcours souvent douloureux. Ici on peut oublier un moment ses souffrances, rire en prononçant ces sons si étranges, s’amuser des efforts de l’enseignant qui s’évertue à prononcer un mot en dari ou en pachtou, reprendre un peu confiance en écrivant un mot que l’on vient d’apprendre et que l’on s’efforce de reproduire avec application sur son cahier. De nouveaux bénévoles se sont engagés, et l’équipe, heureuse de cette reprise, espère qu’un jour reviendront aussi les stages intensifs proposés aux migrants à la MTMSI…