L’ONU va établir une liste noire d’entreprises israéliennes

Le Monde avec AFP, samedi 26 mars 2016

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Des produits alimentaires fabriqués dans une colonie en Cisjordanie, dans un supermarché de Tel Aviv, le 11 novembre 2015. Dan Balilty / AP

La colonisation est illégale au regard des lois internationales. Le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies a donc décidé jeudi 24 mars de dresser une liste des entreprises opérant dans les territoires occupés par Israël.

L’organe des Nations unies a adopté au cours de sa session achevée jeudi quatre résolutions relatives à l’occupation par Israël des territoires palestiniens, à la colonisation israélienne, au droit des Palestiniens à l’autodétermination et au respect du droit international dans ces territoires.

L’une d’elles « exige qu’Israël, puissance occupante, cesse immédiatement toute activité de colonisation dans tous les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé ». Elle presse les Etats de « veiller à ne rien faire qui revienne à reconnaître ou à soutenir l’expansion des colonies ». Elle demande donc au Haut-Commissaire pour les droits de l’homme de l’ONU de « produire une base de données de toutes les entreprises » opérant dans les colonies. Cette liste serait mise à jour chaque année.

Le Conseil, une des bêtes noires d’Israël

Ibrahim Khreisheh, envoyé palestinien auprès du Conseil, a salué l’adoption de cette résolution, soulignant qu’« Israël continue à violer de manière systématique les droits inaliénables des Palestiniens et à bénéficier de l’impunité de la part de la communauté internationale ».

De son côté, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est indigné face à un CDH qui, selon lui, « est devenu un cirque anti-israélien ». Le porte-parole des affaires étrangères Emmanuel Nahshon a même twitté : le Conseil a « un besoin urgent de se faire soigner mentalement ».

Le Conseil des droits de l’homme est l’une des bêtes noires d’Israël, qui l’accuse de parti pris permanent. La veille de ces résolutions, le CDH a nommé l’expert juridique canadien Stanley Michael Lynk nouveau rapporteur spécial de l’ONU « sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés ». Il succède à l’Indonésien Makarim Wibisono, qui a présenté sa démission au début de janvier, parce qu’Israël ne l’a jamais autorisé à pénétrer dans les territoires palestiniens, tout comme son prédécesseur.

Cinq entreprises israéliennes interdites d’exporter en Cisjordanie

La constitution d’une liste noire des entreprises, israéliennes ou étrangères, liées aux colonies touche une corde israélienne extrêmement sensible. Israël bataille déjà contre une campagne globale de boycott visant à mettre fin à l’occupation et à la colonisation.

En début de semaine, le gouvernement palestinien a de son côté annoncé l’interdiction d’entrée sur son territoire des produits de cinq entreprises israéliennes d’agroalimentaire, affirmant agir en réciprocité après une décision similaire de l’Etat hébreu. Récemment, Israël avait interdit l’entrée des camions de livraison de cinq entreprises palestiniennes d’agroalimentaire à Jérusalem.

Les Palestiniens ont souvent menacé de cesser d’acheter des produits israéliens, qui représentent plus de deux tiers de leurs importations, mais cette décision, si elle était effectivement mise en œuvre, serait une première.

Face à « une intensification de la colonisation », c’est aussi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a demandé la semaine dernière à Israël de revenir sur sa décision de confisquer des hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967. La saisie de terres, et plus largement la colonisation, qui s’est poursuivie sans relâche sous les gouvernements israéliens de droite comme de gauche, sont dénoncées par les Palestiniens et la communauté internationale comme rognant un futur Etat palestinien et compliquant toujours davantage la paix.

Israël a pris possession de 234 hectares de terres au début de mars ; ce qui correspond à la plus importante prise de possession de terres depuis des années dans la stratégique vallée du Jourdain, qui marque la frontière avec la Jordanie à l’est de la Cisjordanie, selon l’organisation israélienne opposée à la colonisation La Paix maintenant.