Le collectif Ethique sur Etiquette de Montpellier, en partenariat avec ATTAC, a organisé le Jeudi 23 novembre à 19h30, au Gazette Café, une soirée-débat sur le thème : « Alimentation, crise et spéculation financière.» Avec deux intervenants, Jean-Louis Rastoin, Ingénieur agronome, professeur émérite à Agro Montpellier et José Fornairon, économiste et membre du CCFD-Terre Solidaire.
J. L. Rastoin a fait le point sur la situation alimentaire dans le monde, situation marquée par une forte hausse des prix des produits alimentaires, une progression de la faim et de l’ insécurité alimentaire. En effet, la FAO estime actuellement que 783 millions de personnes, dont une personne sur 5 en Afrique souffrent sévèrement de la faim (sous-alimentation chronique), et que 3,1 milliards de personnes, soit environ 42% de la population mondiale sont concernées par l’insécurité alimentaire, à savoir les difficultés d’accéder à une alimentation saine et équilibrée. Et cela, alors que nous produisons assez de nourriture pour nourrir la planète.
Dès lors, face à ces défis, nous devons accélérer la transition socio-écologique de nos systèmes alimentaires et réguler les marchés des matières premières agricoles. L’agroécologie est une nouvelle approche qui allie « faim zéro » et « zéro émission de gaz à effet de serre ». Les États devraient l’encourager et la soutenir.
Ensuite, José Fornairon s’est interrogé sur les raisons de la forte hausse du prix des denrées alimentaires de base ( plus 15% en France sur un an, et plus 21% en deux ans). En cause le Covid, la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la perturbation des chaines d’approvisionnement, mais aussi, de manière plus récente, des acteurs financiers (fonds d’investissement, établissements de crédit, entreprises d’assurances, fonds de placement…).
Ces acteurs amplifient les effets des crises en spéculant sur la faim, et en tirent des profits énormes. Ce n’est pas acceptable, ainsi que le dénonçaient deux ONG, Food Watch et le CCFD Terre Solidaire, dans une courte vidéo de ces visionnée en séance et aussi dans un rapport et une pétition mise en ligne, « Stop aux spéculateurs de la faim : alimentons les gens, pas les profits .»
Dès lors, une régulation des marchés agricoles s’impose et pourrait avoir lieu, au niveau européen, à travers la directive européenne sur les marchés financiers, en cours de révision. Il faudrait pouvoir imposer la transparence sur la formation des prix, sur les acteurs qui y contribuent, et sur les stocks. La constitution de stocks stratégiques est une possibilité pour les Etats. Il faudrait aussi exclure les investisseurs financiers, du moins les plus spéculatifs ; imposer une taxe sur les transactions financières générale et conséquente ; enfin continuer et renforcer l’aide au développement. Ainsi la transparence et la régulation devraient réduire voire supprimer le recours aux marchés intermédiaires financiers.